Retour en images sur les trois balades perecquiennes proposées par l’AGP

vendredi 22 avril 2022

À l’occasion du quarantième anniversaire de la disparition de Georges Perec le 3 mars 1982, et dans l’imminence de la publication de son inédit majeur, Lieux (le 28 avril aux éditions du Seuil, dans la collection « La Librairie du XXIe siècle), l’Association Georges Perec (sur une idée d’Emmanuel Zwenger) a organisé, en collaboration avec David Feinermann, guide-conférencier, trois balades perecquiennes destinées à évoquer le souvenir de l’écrivain à travers des lieux ayant marqué son histoire.

Photos Marie-Christine Joly
1. Autour de Jussieu, 3 mars 2022 à 10h30 et 15h00

Départ de la Bibliothèque de l’Arsenal ; évocation de la présence perecquienne dans ces lieux (Perec y travailla en 1957 ; Paulette Perec y fut conservatrice ; l’AGP et le Fonds Georges Perec y sont installés) ; Emmanuel Zwenger, secrétaire de l’AGP lit un passage inédit d’Un homme qui dort inspiré par l’Arsenal. Puis, comme nous y invite la dernière phrase du passage lu, nous traversons le pont Sully pour nous rendre dans l’Île Saint-Louis.

Au bout de l’Île, dans le square Barye, évocation de l’importance de l’Île Saint-Louis pour Perec, qui en fit l’un des douze « Lieux » de Lieux (importance liée à Suzanne Lipinska, qui y avait un appartement au n° 13 de la rue Saint-Louis-en-l’Île, mais aussi à Barbara Keseljevic, qui habitait quai de Béthune) ; lecture d’un court extrait de Lieux : « Longtemps mon rêve a été d’habiter boulevard Henri IV, dans une maison (reconnaissable à un cadran solaire) qui donne sur le petit jardin public au bout de l’île. L’hiver, on a une vue merveilleuse sur la Seine. Il y a beaucoup de soleil. Au rez-de-chaussée il y a un marchand d’articles de pêche » (« Saint-Louis, souvenir 2 »). La boutique d’articles de pêche a fermé très récemment ; le cadran solaire est quant à lui toujours en place !

Rue Saint-Louis-en-l’Île, devant l’ancien appartement de Suzanne Lipinska ; passage par le quai de Béthune.

Halte au « Buisson ardent », rue Linné, restaurant très fréquenté par Perec au début des années soixante, quand lui et Paulette habitent rue de Quatrefages, puis de 1974 à 1982, quand ils habitent rue Linné. Collation et lecture d’une « Tentative d’épuisement des menus de Georges Perec » pris au « Buisson ardent » le second semestre de 1974 tel que l’agenda-journal de l’écrivain permet de les reconstituer. Menu favori : radis, onglet, tarte Tatin et bouteille de Cahors !

Courte pause devant la librairie-maison d’édition Sillage, rue Linné, qui a réédité la correspondance entre Georges Perec et Jacques Lederer en 2019. Jean-Luc Joly explique pourquoi on a pu y trouver, vers 2017-2018, quelques livres provenant de la bibliothèque de Georges Perec… C’est également l’occasion d’évoquer l’importance de Jussieu pour Perec, qui en fit un autre des douze « Lieux » de Lieux.

Au 5 rue de Quatrefages, adresse de Georges et Paulette Perec de 1960 à 1966 ; évocation de l’appartement à travers des photos prises à l’occasion de reportages qui y furent faits après le prix Renaudot pour Les Choses en 1965 (dont les héros, Sylvie et Jérôme habitent au 7 de la rue, qui n’existe pas). Lecture de deux extraits des Choses inspirés par cet appartement exigu où se déroulèrent également des réunions de la Ligne Générale et qui sert aussi de cadre à Quel petit vélo… ?

Devant le 13 rue Linné, dernier appartement parisien de Perec (où se trouve désormais une plaque à sa mémoire) ; puis devant l’entrée du bâtiment en fond de cour où Georges habita au premier et Paulette au quatrième. Tiens ! Une sonnette au nom de Bartlebooth ?

Nous avions promis une surprise en fin de balade. Camille Roux-Goupille et son mari Sylvain nous font l’honneur et l’amitié de nous inviter à entrer dans l’appartement qui fut celui de Perec et dont ils sont les nouveaux propriétaires depuis 5 ans. Jamais nous ne les remercierons assez pour ce formidable cadeau dû à leur généreuse hospitalité !

Dans l’appartement, nous visionnons deux films qui y furent tournés : le documentaire de Robert Bober « Notes brèves sur l’art et la manière de ranger ses livres » qui, en 1986, dans ce lieu encore habité par Catherine Binet et où rien n’avait bougé, montre les bibliothèques, étagères et livres de Georges Perec tandis que Jacques Roubaud lit le texte qui a donné son titre à ce numéro du Magasin de littérature, une émission culturelle de TF1 à l’époque ; puis la fin du documentaire Georges Perec réalisé par Jean-Claude Héchinger pour la chaîne Antenne 2 en 1976 dans laquelle Perec s’entretient dans son salon avec Viviane Forrester à propos de Lieux. Nous regardons également des photos prises dans cet appartement en différentes occasions festives.

À l’invitation de nos hôtes, visite de l’appartement et de sa courette ; la salle de bains, paraît-il, est la seule pièce inchangée.

Pour finir, sur une idée de Camille, nous prenons la pose comme sur une photo bien connue de Georges Perec…

2. L’enfant de Belleville, 5 mars 2022, à 14h30

Quelques vues d’une belle balade proposée par David Feinermann (qui l’avait imaginée à la demande du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme en 2020) qui nous a menés de la médiathèque « Naguib Mahfouz » rue des Couronnes (qui s’orne d’une frise évoquant Georges Perec) à l’école fréquentée par Perec dans la même rue en passant par la rue Julien-Lacroix, ce qui reste de la rue Vilin, et le Parc de Belleville qui l’a en partie recouverte. Chaque étape fut l’occasion d’évoquer l’un ou l’autre des moments ou aspects de la vie ou de l’œuvre de Perec et la vie juive du quartier.

3. L’héritage perecquien, dimanche 6 mars 2022, à 14h30

Quelques images d’une autre balade fort intéressante, toujours proposée par David Feinermann qui l’avait élaborée dans le même cadre, qui nous a conduits le lendemain à travers le cimetière du Père Lachaise (vers la plaque de Georges Perec, Esther et Ela Bienenfeld au columbarium, à partir du monument aux morts et avec des arrêts devant les tombes de Balzac et de Proust) jusqu’à la mairie du XXe arrondissement (lieu par lequel passèrent beaucoup de Juifs déportés) et la rue Georges Perec dans le quartier de la « Campagne à Paris ». Il s’est agi d’évoquer quelques-unes des influences de Perec et sa postérité littéraire.

Au total, nous aurons été environ 120 participants à nous souvenir de Georges Perec à travers quelques-uns de ses espaces, à l’occasion du quarantième anniversaire de sa disparition. Nos plus vifs remerciements à la direction de la Bibliothèque de l’Arsenal, au propriétaire et aux serveurs du « Buisson ardent », aux résidents du 5 rue de Quatrefages qui nous ont ouvert les portes de l’immeuble et de nouveau à Camille et Sylvain Roux-Goupille ainsi qu’à David Feinermann.